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Exemple linguistique de Graus : Les dangers du sécessionnisme linguistique blavériste

Les blavéristes défendent généralement leur "valencianisme" régionaliste autant qu'ils défendent la condition espagnole (c'est-à-dire castillane) du pays valencien. De la même manière, ils revendiquent comme mots valenciens typiques non seulement certains mots typiquement valenciens (tels que "eixe" ou "este", qui sont admis dans le catalan standard), mais ils considèrent également comme valenciens certains mots qui ont une origine castillane évidente : otony, sapo, articul, et ainsi de suite.

C'est pourquoi cet article a été écrit dans le but de prouver aux blavéristes et aux Valenciens en général combien il peut être dangereux de défendre certains mots et formes linguistiques qui ne sont pas purement valenciens, comme le font les blavéristes, mais des expressions tirées de l'espagnol. Pour ce faire, nous expliquons le cas de la langue parlée à Graus (Aragon oriental). Dans cette région, un ancien dialecte catalan, dû à la castillanisation, s'est transformé en un mélange des deux langues (catalan et espagnol).

Le dialecte de Graus (Aragon oriental)

Mapa linguistic Arago
En vert (D) la zone où la langue aragonaise est parlée est surlignée. En orange (B), la zone où la langue catalane est parlée est mise en évidence. (A) représente la langue de transition de Benasque, avec une forte influence espagnole. En bleu clair (C), la zone où le dialecte parlé à Graus est mis en évidence.

Graus et sa région sont situés dans la région de la Ribagorce, au milieu des Pyrénées. Le fait qui pourrait être considéré comme la principale caractéristique culturelle de la région de Graus est que, alors que la majeure partie de la Ribagorça parle le catalan, la région de Graus parle une variété que la plupart des gens considèrent comme la langue aragonaise. C'est faux, car il y a trois siècles, cette région parlait le catalan, mais en raison du contact continu avec la langue espagnole depuis la région de Somontano et Barbastro, ce vieux dialecte de la Ribagorce est devenu une sorte de pidgin ou de patois, un mélange d'espagnol et de catalan.

Preuves toponymiques:

Dans cette région, il y a des lieux appelés Los Ponts, Coma de Sant Adrià, Los Hortals, Tozal del Baixant, Los Castellasos, Los Pontons, San Nicolau, Coroneta Llucia, La Lloseta, Llert, Bacamorta, El Clot, Aigüeta de Viu, Collado de Collubert, Los Camps, Santa Creu, Puicremat, Capella, Tosal del Conde, La Vall, Collet, Creu Sorribas, Boira, Gorga, Graus, Fontova, etc. Ces noms n'ont aucun rapport avec la langue aragonaise.

Preuves linguistiques:

Le dialecte de Graus, qui comme nous l'avons déjà dit est un mélange de castillan et de catalan, utilise la diphtongaison en général, mais il est également vrai qu'il conserve des archaïsmes sans diphtongation tels que "coba", "roda", "dent", etc. Les mots avec -E et -O finaux sont encore éliminés sous une forme résiduelle : font, vall, cap, ordi (mais tous les pluriels avec -E et -O sont sans voyelle, ce qui montrerait que ces voyelles ne sont pas celles d'origine : mano/mans). Comme le fait le catalan, le L- initial est palatalisé comme dans "lluna" ; le ND > n latin est réduit, ce que ne font ni l'espagnol ni l'aragonais (ANDARE > anà) ; les groupes latins intérieurs ou finaux BY, DY, GY, I qui font le son jota en espagnol ou le son ge en catalan, sont prononcés comme un y dans toutes les langues ribagorzanes et pallares (RUBEUM > roy) ; le dialecte de Graus suit également le dialecte ribagorzan dans la perte du -R final (caminà, fé, etc.), ou dans la formation avec le -R, comme dans l'espagnol (RUBEUM > roy). ), ou dans la formation avec -AS des pluriels féminins (casas, cosas, etc.). Dans toute la région de la Frange d'Aragon (partie orientale de l'Aragon où l'on parle le catalan), il y a une grande profusion de castillanismes, qui atteignent jusqu'à 20% du lexique dans des zones aussi catalanophones que Benabarri, à Graus en tout cas les castillanismes sont déjà aux deux tiers (hígado, vaso, leche, noche, mucho, jefe, etc.). En fait, le niveau de castillanisation est si élevé que des hybrides espagnol-catalan ont été créés, tels que : pllaza, reí, habllá, lloco (ce qui se produit également dans le dialecte "apitxat" du Pays Valencien : otony, desenroll, et ainsi de suite). Actuellement, l'ensemble du dialecte de Graus est soumis à un processus de forte castillanisation, dans lequel les mots d'origine catalane sont systématiquement remplacés par des mots castillans. En conclusion, nous pouvons affirmer que ces caractéristiques sont communes au dialecte catalan de Ribagorce ou au castillan, mais que le dialecte de Graus ne possède pas de caractéristiques phonétiques propres de type aragonais. Cela confirmerait que le dialecte de Graus n'est pas lié à l'aragonais (car s'il s'agissait d'un parler aragonais castillanisé, il y aurait au moins des résidus phonétiques exclusifs de l'aragonais, ce qui n'est pas le cas).

Autres épreuves:

"A. Navarro a trouvé à Graus le "Llibre d'Estatuts de la Cofradia de Sant Nicolau" (Livre des statuts de la confrérie de Saint-Nicolas). Le livre a été écrit en 1516 et commence en catalan pur, qui se castillanise peu à peu jusqu'à atteindre le dialecte actuel de Graus. Des siècles plus tard, Joaquín Costa, important penseur et homme politique aragonais de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, qui a vécu quelques années à Graus, a écrit : "Ce village [Graus] a appartenu à la Catalogne pendant quelques années, tout comme l'ensemble du comté de Ribagorce. Même au XVIe siècle, la langue utilisée ici était le catalan. De cette langue est resté un dialecte, moitié aragonais et moitié catalan, que vous avez probablement entendu parler par les garçons qui jouent dans la rue. Mon nom de famille est totalement catalan".

Exemples de catalan Ribagorzan, dialecte du Graus et de la langue aragonaise

Exemples de catalan Ribagorzan à Tamarit de la Llitera:

"A la cunya de la sinya Roseta creme un foc abundant i espavilat, fa calor i una mica de fum. Lo calder penge dels cremalls i de la porta del rebost eixís una bona ulor de codonys. Però lo més importan é la ventana que done a la pllaceta agon apuialen canyissos vells, fustas, llenya, arnalls i palla; ja n'hi ha [t]gent i molts [t]xicarrons que no tenen fred, encara que no s'haigue encés." ["La Foguera de Sant Anton", dans Joaquim de Carpi, "El Dialecto de Tamarite de Litera", 1981]

Exemple du dialecte de Graus à Fonz [Fonts]:

En gras, nous mettons en évidence les restes catalans de la langue d'origine, qui disparaissent peu à peu. En italique, nous soulignons les hybrides entre le catalan et l'espagnol (llugar, fecho con fet+hecho, llunes, ben avec bé+bién, beigo avec veic+veo, lluego, etc.)

"La nuestra llengua, la que aquí charram, é mui maja y ben antigua. Yo la ba aprender en casa mía, de chicó cuan encara bibiban de contino en Fonz. Recordo las charradas que se feban, y se fan, mi mare y mi yaya entre ellas y tamé con otras chens del llugar. [...] Otra muller se ba quedar sorprendida de que estudiasem ixo en la escuela, ya que me ba asegurar que antes los maestros pegaban per charrar ribagorzano en la escuela. [...] El llunes en cllase le ba presentar al profe de llengua española el treballo que abeba fecho, y me ba dir que estaba mui ben, pero que no me’l podeba ebaluar perque ixo de la fabla no baleba pa nota, que sólo mos lo ba dir como simple curiosidá. Ya bes, pa una begada que treballaba con interés, a la fin no me ba serbir pa res. [...] Sí que é berdá que han pasau años, pero yo beigo que tot está igual que antes, como fa bente años, nuestra llengua sigue sin tenir un reconozimiento ofizial, y beigo que no el tendrá mai. Si no fem res lluego la berem morir, no creigo que pase més allá de la mía chenerazión. De chobens como yo, ¿cuántos charram en nuestra llengua bernacula? Creigo que entender-la, toz; pero charrar-la no guaires. [...] Sí, pero por lo que pareze el ribagorzano no é uno e indibisible, tampoco no tiene una unidá llingüistica, n’hai chen que dize charrar alto-ribagorzano u patués, y que nusatros charram baixo-ribagorzano. ¿Cuála é la diferenzia? N’hai algunas, ixo sí. Ba conozer fa un tiempo a una muller de Castilló de Sos, me feba gozo sentir-la charrar (u “ragonar” diba ella), y tampoco no charraba tan diferente como en Fonz, sonaba un poquet més pareziu al catalán, pero si febas orellas l’entendebas tot. [...] Qué ben que charrem baixo-ribagorzano per t*oda esta redolada, que uno de Fonz se’n pueda ir enta Graus y que astí charren igual que nusatros. Ixo penso yo, pero tamé n’hai chen que pensa y dize que no, que lo que charram en Fonz é diferente de lo que charran en Estadilla." [web, Rubén Fernández Gracia]

Exemple de langue aragonaise de la vallée de Chistau/Xistau (Plan):

"Un hombre nomás teneba dos fillos. El más choben le va dezire a su pai: «Ya yé hora que siga el mio propio duenyo y que tienga dinés; cal que pueda d'ime y viyere mundo. Parta es suyos biens y deme lo que me toque». «Ai, fillo mio», va dezire el pai, «como quieras, yés un dolén y seràs castigau». I dispués va ubrire un caixón, va partire es suyos biens y ne va fere dos partes. Uns diyas dimpués, el dolén s'en va d'ire del lugare muito contento y sin dezire adiós a nengun. Va cruzare muitas tierras yermas, muitas selvas y muitos rios, y va plegare a una gran ciudá anque se va gastare toz es dinés. Bels meses dimpués, va tenere que vendere es suyos vestius a una mullere viella y se va alogare como mozo: el von emviare ta's campos ta guardare ye es burros y es güeys. Alavez va estare muito esgraziau. Ya no va tenere cama ta dormí per la nuei, ni fuego ta calentase quan teneba frio. A vezes teneba tanta fambre que hasta s'abrí comiu ixas fuellas de col y ixa fruta podrida que comen es latons; pero nengun le daba cosa." [avec ortographie adaptée]

Un peu d'histoire

Mais comment en sommes-nous arrivés là? Reprenons un peu l'histoire de cette petite région. Selon la toponymie, avant l'arrivée des Romains, des personnes parlant le basque vivaient ici. Lorsque les Wisigoths sont arrivés, ils ont commencé à parler le latin, qui s'est transformé dans cette partie en une sorte de langue mozarabe des Pyrénées. Dans le Pallars et la Ribagorce, il y a encore des vestiges topnymiques, comme dans la vallée de Llessui, à 15 km de Sort, où l'on peut trouver : El Quaso, Canals de Rialbo, Lo Pico, La Aurilla, Montalto, Campo Llongo, ou dans la Vall Fosca, où l'on trouve : Estany Castieso, E. Gento, E. Neriolo, Sallente, Montorroio, Creu de Calvo, Pales de Cubiesso, etc.

L'invasion musulmane fait sombrer le royaume wisigothique, transformant les vallées pyrénéennes en petites régions autarciques jusqu'à ce que, dans le cas de Pallars et Ribagorce, les comtes de Tolosa en fassent des vassaux en 801. C'est donc pratiquement pendant tout le IXe siècle que Ribagorce et Pallars seront gouvernés par des comtes sous la tutelle de Toulouse, mais au Xe siècle, Ribagorce sera de facto un comté indépendant gouverné par des comtes autochtones de culture catalane. La catalanisation des deux comtés était certainement une conséquence logique de l'existence d'une frontière au sud avec les voisins arabes, et de la formidable barrière des Pyrénées au nord, qui, par la distance, faisait de La Seu d'Urgell le principal centre d'attraction économique et culturel des deux comtés. Cette Ribagorce indépendante fut conquise par le roi navarrais Sancho III, profitant de quelques querelles familiales entre les comtes de Ribagorce en 1025, mais par succession dynastique, elle passa au roi d'Aragon en 1043. D'autre part, lorsque la Couronne d'Aragon est née en 1137, lorsque le royaume d'Aragon et le comté de Barcelone ont été unis, Ribagorce a été à nouveau liée à des comtes de culture catalane. En effet, Jacques Ier incluait la Ribagorce dans la Catalogne (de Salses à la rivière Cinca), mais son petit-fils Jacques II modifia cette décision en raison des pressions aragonaises, en cédant le comté à l'Aragon, mais en conservant les Usatges de Barcelona et les Costums de Catalunya en tant que lois. Quoi qu'il en soit, bien qu'officiellement le comté ait appartenu à l'Aragon, la région a été dirigée par des comtes de culture catalane et liée à la Maison royale de la Couronne d'Aragon jusqu'à l'extinction du comté à la fin du XVIe siècle. Jusqu'à cette date également, sur le plan ecclésiastique, Ribagorce faisait partie des diocèses catalans. Mais c'est précisément à la fin de ce siècle que la région de Graus a été transférée au diocèse de Barbastro, et c'est également à cette époque que le roi d'Espagne a supprimé le comté en raison des révoltes qui avaient été encouragées par le dernier comte, faisant ainsi passer la Ribagorça sous la domination directe de la couronne.

En 1642, les troupes franco-catalanes furent logées à Benavarre et, en échange, la Ribagorce passa à la Catalogne, mais comme la guerre n'était pas gagnée, la Ribagorce ne l'était pas non plus. Plus tard, lors de la guerre de succession, la Ribagorce se rangea du côté autrichien avec la Catalogne, tandis que la Castille soutenait l'absolutiste Philippe V. En 1833, l'État centralisateur rattacha définitivement la Ribagorce à la nouvelle province de Huesca, et acheva lentement et involontairement l'espagnolisation du peuple ribagorzan (une façon d'être espagnol par respect des frontières et par crainte du sécessionnisme catalan) par la scolarisation et la militarisation de la jeunesse.

Un avenir sombre?

A ce stade, nous pouvons donc nous poser la question suivante : quel serait l'avenir de la langue valencienne si les blavéristes réussissaient? Quel serait l'avenir de la langue valencienne si les blavéristes réussissaient? Voulons-nous un tel avenir pour le valencien? Souhaitons-nous sa disparition d'ici deux ou trois siècles? Si rien n'est fait, ou si le valencien passe sous l'influence des blavéristes, le valencien sera-t-il dans la même situation que la langue de Graus, qui est aujourd'hui un mélange d'espagnol et de catalan, comme nous l'avons vu? Les Valenciens sont les seuls à pouvoir sauver la langue valencienne, mais pour les habitants de Graus, il est déjà trop tard.

Bibliographie

  • ALEGRE, Montserrat: Dialectologia Catalana (Ed. Teide, 1991).
  • NAVARRO, Antoni: El Català a-n el Ribagorça; al Primer Congrés Internacional de la Llengua Catalana (Universitat de Barcelona, 1906-1908).
  • Article of R. Fernández
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